Résumés | On a lu pour vous: Laurent Mauvignier, Anne Berest, Caroline Lamarche

Depuis quelques années, il se développe un véritable engouement autour de l’idée de retracer l’histoire de sa famille, remettre en lumière des ancêtres oubliés ou malmenés par les souvenirs et secrets familiaux.

La psycho-généalogie développe toutes sortes de pistes afin de permettre de comprendre nos goûts, nos centres d’intérêts, nos compétences, notre mal-être, la répétition de certaines situations, à travers notre histoire familiale et ses traumatismes.

La rentrée littéraire de l’automne 2025 fait la part belle à ces romans plus ou moins auto-biographiques sur ce thème.

En voici trois :

– La Maison Vide, Laurent Mauvignier, Ed. de Minuit : 4.5*.

A partir d’un visage de femme effacé des photos anciennes, Laurent Mauvignier va remonter dans le temps, reconstituer l’histoire de ses ancêtres et tisser une fresque magistrale de sa famille entre souvenirs, documents et imaginaire.

La « maison vide » est le berceau familial, hérité de sa mère par le père de l’auteur, fermée pendant 20 ans : un piano, une commode au marbre ébréché, des albums photos, la recherche d’une Légion d’honneur, Marguerite, Marie-Ernestine, les hommes qui ont gravité autour de ces femme, toute une histoire familiale va être ramenée à la lumière.

Ce roman est de la grande littérature, l’écriture est somptueuse, mais il s’agit aussi d’une lecture exigeante avec des phrases qui n’en finissent pas, quelques longueurs …

– Finistère, Anne Berest : 4.5*.

Après, notamment, « la carte postale » autour de l’histoire maternelle, la romancière se penche sur la lignée paternelle, issue du Finistère. C’est Pierre, le père d’Anne qui le lui propose alors qu’il est touché par la maladie.

Ce roman repose sur une écriture collective : les discussions avec le père, des informations distillées par la mère, les carnets du grand-père.

Fils d’Eugène, créateur de la première coopérative agricole, donc issu d’un milieu paysan breton, Pierre va néanmoins faire des études à Paris, devenir trotskiste dans la clandestinité, et évoluer dans un milieu scientifique.

On va traverser grâce à ce récit qui commence en 1909, différents événements historiques dont les deux Guerres Mondiales, Mai 68, l’arrivée du sida …

Anne Berest évoque là ces transmissions invisibles que sont les légendes familiales, les secrets, les règles, qui vont constituer le récit du passé. On existe par nos ancêtres et eux revivent grâce à nous.

Beau texte émouvant rédigé d’une plume délicate et pudique.

– Le Bel Obscur, Caroline Lamarche, Ed. Seuil : 4*.

Cette autrice belge, tente de reconstituer la vie et le destin d’un ancêtre, Edmond, effacé de l’arbre généalogique familial. Elle dispose pour commencer ses recherches de quelques documents découverts dans un coffre : un certificat de baptême, un acte de décès, deux photos, une distinction de la ville de Liège et la connaissance de sa profession d’ingénieur des mines.

En parallèle, la romancière se penche sur le déroulé de sa propre vie avec ses bouleversements.

L’écriture est délicate, recherchée, le texte magnifique.

Mireille Excoffier